Partons en Italie avec Call me by your name, par Luca Guadadigno.
- Artyfrench
- 8 janv. 2018
- 7 min de lecture
Salut les caramels ! Bonne année ! Come va* a Parigi ? A Lione ? A Bordeaux ? En il resto del mondo* ? J'espère que vous avez passé de très bonnes fêtes et que vous vous êtes remis de toutes ces émotions (plein de cadeaux, une montaaaagne de chocolats, trop de champagne!) Moi, j'ai décidé de tout reprendre en main et de bien commencer l'année non seulement en décidant de manger (encore) plus vert (et orange) que d'habitude, le orange ce sont les carottes pour ceux et celles qui me connaissent, mais aussi en me nourrissant “intellectuellement” de films, d'expos et de concerts en attendant de prochaines expéditions, et je compte bien tenir ma résolution ! Pour tout vous dire je sors d'une exposition très intéressante aujourd”hui qui se tient en ce-moment au MAC le Musée d'Art Contemporain de la ville de Lyon, à (…...) Lyon, ou plutôt Villeurbanne (juste à-côté), et qui fait partie de la “Biennale des Artistes”, ça s'appelle “Les Mondes Flottants” pour ceux et celles que ça intéresse. Cependant je ne suis pas expert en la matière et de toute façon ce n'est pas le sujet de mon article. Non, j'ai eu récemment la chance de pouvoir visionner en avant-première, et en plus sur mon canapé (par des moyens gardés secrets jusqu'ici), le film Call me by your name de Luca Guadagnino, et tout ce que je peux vous dire c'est que je meurs d'impatience de retourner le voir sur grand écran lors de sa sortie officielle en France le mercredi 28 Février prochain. Et de aussi de vous en faire un petit compte-rendu en exclusivité bien sûr...

Le pitch ? Je ne suis pas spécialiste en critiques de films donc je vais simplement vous retranscrire le petit résumé du film que j'ai trouvé sur la page Internet du magazine culturel Télérama, et c'est ensuite que les choses deviendront rééllement intéressantes. En 1983, le fls d’un éminent professeur américain s’entiche d’un étudiant fraichement diplômé venu passer l’été dans le domaine de sa famille au Nord de l’Italie. Ensemble, ils partagent une intense et fiévreuse romance pleine de musique, de nourritures terrestres et spirituelles qui les bouleversa à jamais. Oui... Pour résumer c'est vraiment résumer je trouve.
Call me by your name, ça parle d'abord de l'Italie. L'Italie dans tout ce qu'elle peut présenter à nos yeux d'attrayant et de paradisiaque, la langue qui chante, la beauté des paysages, le rythme lent mais loin d'être endormi des protagonistes, l'art et l'architecture, omniprésents tout le long du film que ce soit sur la place du petit village ou dans une statue repêchée dans le lac de Côme par le père du personnage principal. Cet Elio, qui est-il ? Un jeune garçon de bonne famille, dix-sept ans au compteur et fils d'un imminent professeur, qui parle tantôt italien quand il le faut, tantôt français avec sa mère et ses amies, et anglais la plupart du temps car le second personnage-clé du film est l'étudiant américain. Bel éphèbe tout droit tombé du ciel, Oliver (Armie Hammer, “aperçu “ dans Gossip Girl, se fond à merveille avec le décor de rêve instauré dès le début par le plan à la fenêtre d'une jolie chambre à l'étage de la belle villa familiale perdue au-milieu du cottage). On entend déjà les cigales chanter (et non ce n'est pas un cliché).

Mais Call me by your name ne se résume pas à une jolie histoire de coeur dans un magnifique décor. Non, en-dehors de l'ambiance très “eighty” du film (enfin j'ai compris que cela se passait à cette époque, élément-clé sans lire le résumé : les références du film + l'absence totale de téléphone ça fait du bien), en-dehors de la musique de Sufjan Stevens, dont les deux morceaux Mystery of Love et Visions of Gideon accompagnent à merveille l'atmosphère nostalgique du film, il y a quelque chose comme un goût de dolce vita à l'ancienne, qu'il est impossible de retrouver dans les films de notre époque en dehors des simulations assez saugrenues des décors paradisiaques des derniers films de Woody Allen. Non, là, c'est authentique, de la cameriera* qui est juste une pépite de personnage comme on les aime, remplie de vérité, à la mama multilingue qui respire la beauté, le glam' et la joie de vivre.

C'est amusant parce que j'ai vu ce film juste au-moment où je passe en boucle le dernier album de Phoenix, Ti Amo, qui retranscrit en musique cette ambiance que j'essaie de vous décrire et qu'on retrouve dans le film. En aucun cas je ne suggère les chansons dynamiques et un brin survoltées de Phoenix pour accompagner la jolie romance pop des deux personnages, ce que je veux dire c'est qu'en visionnant ce film j'ai eu la même impression qu'en écoutant leur album : une Italie d'époque, radieuse et éternelle. Les “vacanze” à l'italienne si l'on préfère, où tout est doux, ensoleillé et fruité comme cette belle pêche qu'Elio transperçe avec lenteur et application …

Une Italie rêvée, donc. Celle du soleil, des voitures et des pubs pour les pâtes et les sauces Panzani. Mais pas que. On sent bien que le but n'est pas de créer un remake entre le feel-good movie et la commedia dell'arte, mais plutôt d'établir une situation, un contexte, où évoluent essentiellement quatre personnages principaux : Elio, son père, sa mère, et Oliver, le bel étudiant américain. Tout de suite, on sent une certaine ambiguité, mais on ne sait pas vraiment d'où cela vient. En tout cas cette indécision tourne autour des personnages de Elio et de Oliver, si on fait fi du résumé du film qui nous dit que les deux personnages tombent amoureux l'un de l'autre. Moi en tout cas, j'ai fait comme si je ne savais rien. Et j'ai attendu. Elio, c'est un mélange entre l'enfant et l'adulte, un enfant qui boude et qui est même un chouilla capricieux de temps à autre, avec ses parents ou avec Oliver, qui lui se montre très indépendant et ponctue ses absences par un nonchalant “later” (prononcez à l'américaine, “leïdeur”, on ne fait pas claquer le “t” dans la bouche comme avec l'English britannique).

C'est le jeu du chat et de la souris. Suis-moi, je te fuis. Elio tente une escapade à vélo dans la ville, Oliver le lâche pour profiter de son indépendance. A contrario, chaque fois qu'Oliver tente de se rapprocher d'Elio, et ce avec plus ou moins de finesse, il se voit repousser de façon pas toujours très tendre. A croire qu'Elio déteste Oliver, car il voit en lui un rival, et on détecte en lui une forme de jalousie (scène de la voiture avec le papa où Oliver passe co-pilote). Mais aussi une forme de fascination, tout ce que fait Oliver, ses moindres faits et gestes, Elio l'observe, le détecte, l'analyse. Jusqu'à guetter ses absences, et compter les heures jusqu'à son retour. Pour l'instant la grande question est de savoir si cette passion qu'éprouve Elio pour Oliver est tout simplement réciproque. A noter que j'adore également les personnages du père et de la mère, si “italiens” dans leur gentillesse, leur façon d'accueillir Oliver comme s'il était déjà des leurs, et la scène du repas familial et le débat en italien qui rivalise avec les meilleurs films de Fellini.

Et puis le voilà! Le tournant qu'on attendait. A l'occasion d'une journée passée à deux, les deux personnages se rapprochent subitement et même si Oliver garde quelques réserves on sent bien qu'Elio n'est pas le seul à éprouver du désir. C'est ça que j'aime dans ce film, c'est la capacité du réalisateur à filmer cette histoire d'amour à la fois avec tristesse et légéreté, à la fois avec beaucoup d'érotisme mais toujours tout en finesse, ce qui change d'autres films que j'ai pu voir auparavant. Car les deux personnages sont vraiment tendres l'un envers l'autre, et passionés à la fois. C'est au cours d'une soirée passée en compagnie d'un couple d'amis des parents que Oliver donne rendez-vous à Elio dans sa chambre. Ah, j'oubliais un détail. La musique (en-dehors de celle de Sufjan Stevens). Le piano. Les moments dans le film où Elio joue du piano. Le piano qui rapproche les deux personnages, car Oliver aime la musique que produit le jeune artiste. Ce que j'aime aussi, c'est Elio (vous l'avez compris c'est mon personnage préféré), Elio qui se cherche avec les filles, qui expérimente, qui observe (beaucoup) et lit (tout le temps). Il connaît tout, c'est d'ailleurs Oliver qui lui fait remarquer, lors d'une petite escapade dans le village (impossible de retrouver le nom malheureusement).

Cette nuit, donc. Elio et Oliver se retrouvent dans la chambre, et là.... bon, je vous laisse deviner ce qu'il va se passer, mais le plus étonnant est qu'on ne voit (presque) rien. On nous suggère, plutôt. On voit la passion dans les yeux de Elio, la tendresse dans ceux de Oliver, et on voit à quel point les deux personnages se sont bien trouvés, et ceux malgré leur différence d'âge (et leurs différences tout court). C'est ce que soulignera le père à la fin du film, d'ailleurs. “Une amitié très spéciale”. Finesse dans les propos que le père tient à son fils à la fin du film, il ne met pas les pieds dans le plat mais lui parle avec beaucoup de justesse, de compréhension et de sensibilité. Un des moments les plus touchants du film...
La période de la romance sera courte entre Elio et Oliver. A peine quelques jours, peut-être une demi-heure dans le film à peine, et déjà le temps du départ s'annonce. C'est le moment de verser quelques larmes. Elio sait qu'Oliver va partir, il en frémit d'angoisse, se donnerait corps et âme pour prolonger un été qui n'est finalement qu'une saison parmi d'autres, et rendre éternelle une romance qui n'est peut-être qu'une simple aventure de vacances. L'été éternel n'existe pas. On en parlait tout à l'heure. L'amour (éternel) non plus d'ailleurs. Il va et vient c'est tout.

C'est Oliver qui désire anticiper son départ d'Italie (et son retour aux Etats-Unis) lors d'une escapade en amoureux dans une région paumée du pays à la fin du film, il y a beaucoup de tendresse, et même d'amitié peut-être, entre les deux personnages. De l'amour ? Pour Elio envers Oliver c'est évident. De la passion même. Quant à Oliver, on ne saura pas vraiment. On n'essaiera pas de mettre d'étiquettes, de cataloguer et de rendre rationnel ce qui ne peut pas l'être. Oliver, le bello, le séducteur, s'est laissé aller dans les bras de son jeune amant en mal d'amour et d'aventure. Trop passioné, Elio. Il nous en fait frémir, nous donne la chair de poule. On sent qu'il est à fleur de peau, sur le fil du rasoir, comme un funambule. Sans Oliver, son équilibre s'écroule, ça craque. Et c'est le cas. Oliver parti, Elio n'est plus rien, ou plutôt il est comme avant, mais le coeur brisé dans ce court laps de temps. Le temps d'un été. Première histoire d'amour, premier chagrin. Le plus beau de cette rentrée 2018. Par Artyfrench xxxx
* Come va = Comment ça va ?
En il resto del mondo = Dans le reste du monde
Camereria = Domestique
Vacanze = Vacances
PS : Pas de changement de plateforme pour l'instant (à venir).
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