Une brise d'été en Italie - 1ère expérience en tant que garçon au pair
- Artyfrench
- 28 juin 2017
- 11 min de lecture
Je suis assis à la table de la cuisine de ma famille italienne. Les fenêtres sont toutes grandes ouvertes et je peux sentir la fraîcheur du vent en vous écrivant. C’est agréable. Et reposant aussi. C’est la première fois que j’ai l’impression de respirer depuis que je suis arrivé en Italie. C’est la première fois que j’ai vu la pluie aussi. C’était ce matin. Je ne suis pas fait pour les fortes températures je crois. J’aime le soleil à petite dose mais j’aime la pluie surtout. Elle sent bon et j’ai reconnu son odeur un peu plus tôt. Elle a cessé maintenant mais le vent souffle et adoucit la chaleur, une légère brise s’engouffre par les fenêtres et se propage dans toute la maison. Les conditions idéales pour vous écrire pour la première fois. Aujourd’hui j’ai décidé de publier mon premier post. Peut-être que tout n’est pas prêt (rien n’a vraiment commencé), cela viendra avec le temps. Ca fait longtemps que je voulais vous écrire. Un ou deux étés mais quelque chose me retenait jusqu’à maintenant. Aujourd’hui les conditions idéales sont réunies pour m’aider à me jeter à l’eau. Je crois que ce vent me porte (m’emporte ?) littéralement. C’est drôle mais je me souviendrai de cette journée particulière et de cette semaine dans très longtemps je crois. Je me sens apaisé, et une légère brise d’été me caresse les épaules. Bon, elle fait peut-être claquer les portes, elle a aussi fait tomber le jean du voisin qui séchait sur le balcon, mais ça m’est égal, elle ne me dérange pas, bien au contraire.

Aujourd’hui je voulais vous parler (et ce sera mon premier sujet) de la condition de jeune fille au pair. Ou plutôt de garçon au pair, c’est ce que je suis actuellement. Je voudrais décrire cette sensation particulière que l’on peut ressentir lorsque l’on se trouve dans un pays étranger, baigné dans une culture qui n’est pas la nôtre (oui je sais je ne suis pas parti à l’autre bout du monde mais bon !) et dans une langue que l’on ne maîtrise pas (je ne parle en vérité pas un seul mot d’italien). Je dirais que cela a du bon comme du moins bon, et, afin de rendre la description un peu plus divertissante, j’ai décidé de lister point par point les avantages et les inconvénients de participer à une telle aventure. Car chaque voyage en est une et celle-ci est d’autant plus forte que vous y partez en solitaire, un peu comme un aventurier des temps modernes en somme, le sac à dos et les jumelles en moins. Ah tiens, le jean de la voisine a été récupéré par le voisin d’à-côté qui tente de le hisser depuis la cour jusqu’au troisième étage comme s’il s’apprêtait à tirer un ballon de basket, encouragés par les « ciao » et les « va bene » criés par les badauds venus assister à la scène aux alentours. Je commencerai par les points positifs donc. Car celui-ci en est un et un de taille. Un autre monde. Encore une fois ce n’est que l’Italie pourtant je me sens déjà bien loin de ce que je connais (et ce que je connais vraiment se résume à l’Espagne, la France et l’Angleterre). Alors, pourquoi est-ce si différent ? La langue, la mentalité ? Oui en quelque sorte. Ce dont j’ai l’impression c’est que ce voyage, qui n’est finalement pas réellement un voyage en soi mais plutôt une « expérience », me permet de vivre la différence culturelle de plein fouet, car je suis au cœur de cette différence. Elle se traduit tous les jours par des petites choses que je remarque et qui font que je suis certain que je ne suis pas en France en Espagne ou en Angleterre. Ceci est mon premier avantage. L’immersion. Etre plongé au cœur du pays et d’une famille italienne typique, assister à des scènes de la vie quotidienne (et même aux scènes de ménage quelque fois), c’est ce que j’appelle l’immersion et c’est bien différent d’une sortie touristique ! Du tourisme j’en ai fait peu d’ailleurs, je n’en ai pas vraiment le temps, et peut-être pas réellement l’envie ? Etre au-pair c’est se glisser pour quelques temps (un mois ? un an ?) dans la peau de sa famille en quelque sorte, et ma famille ne fait pas de tourisme, elle travaille, elle vit, elle se chamaille et prépare les repas.

En tête de liste de mes dix avantages, donc :
L’immersion, la différence culturelle et la richesse du partage : la plupart des moments que vous passerez avec votre famille d’accueil seront en majeure partie des conversations qui auront comme principal objectif celui de vous faire comprendre (ce point-là est d’ailleurs également listé dans les inconvénients). J’ai la chance d’avoir des conversations en anglais avec ma « maman d’accueil » (pardonnez-moi l’expression !) qui parle anglais couramment mais la plupart des conversations avec le papa et les petits tournent autour du même sujet : l’Italie, la France, la différence entre la France et l’Italie mais surtout l’Italie, l’Italie et l’Italie !
L’étranger : pendant votre expérience au pair vous ne passerez pas toutes vos journées à travailler (sinon c’est qu’il y a un petit problème !) il est donc important de prendre du temps pour vous et de partir à la découverte d’un pays que vous ne connaissez pas. Promenades, expéditions, musées, concerts, sortez autant que vous le pouvez et goûtez aux plaisirs d’être à l’étranger !
Le partage : le voyage est un partage, et si votre famille vous a choisi c’est aussi peut-être un peu pour votre langue de naissance, votre pays de naissance, c’est qu’elle a des intérêts à en apprendre un peu plus sur vous et sur là d’où vous venez. N’hésitez pas à leur en apprendre un peu plus sur vous sans toutefois négliger de poser des questions sinon ils penseront que vous vous la racontez !
Evidemment il y a les progrès que vous ferez dans la langue de votre pays d’accueil. C’est comme commencer la gym lorsque l’on a jamais sculpté son corps, c’est très douloureux au début (ou plutôt difficile pour casser l’image,) surtout si comme moi vous partez sans connaître un mot de la langue de votre famille d’accueil, mais croyez-moi vous ferez vite des progrès, surtout si vous leur demander de pratiquer avec vous (de toute façon vous n’avez pas vraiment le choix !). Et puis il n’y a pas que la langue, il y a les chansons qu’ils vous feront écouter, les films qu’ils vous montreront à la télé, etc etc…
La liberté dont vous disposerez en dehors du temps que vous passerez avec les enfants évidemment. Techniquement on ne vous demande pas grand-chose sinon de prendre soin d’eux quand les parents ne sont pas à la maison (un ou une au-pair peut cuisiner mais il n’a pas à faire le ménage ni le repassage sinon c’est qu’il y a un problème !). Donc énormément de temps pour vous et pas vraiment de responsabilités (vous êtes payés, logés et nourris, un peu comme chez vos parents mais en mieux en fait !)
L’argent que vous gagnerez de cette expérience et que vous pourrez garder pour de futurs projets. Et pour parler un peu plus littéraire, l’expérience que vous allez tirer de cette aventure aussi (parce que de l’argent vous n’en gagnerez pas tellement en fait !)
Ceci est mon point le plus important. L’expérience. Celle-ci est primordiale. Vous pouvez partir comme au-pair sans aucune expérience avec les enfants au préalable ce n’est pas grave, mais c’est après qu’il va falloir assurer. Et vous pourrez rapidement vous rendre compte si vous êtes « fait » pour ça ou pas, même si je n’aime pas trop ce terme. La clé du succès avec eux ? Il faut les occuper en permanence !! Si je devais vous sortir un mot clé je dirais sans aucun doute créativité. Soyez créatifs, imaginatifs, retrouvez votre esprit d’enfance !
Les liens que vous créerez avec votre future famille. Même s’ils ne parlent pas votre langue il y a quelque chose qui se crée au fil du temps, peu importe le temps que vous passerez avec eux. On ne choisit pas sa famille c’est vrai, mais l’on peut choisir sa famille d’accueil et il est important que vous sentiez un bon feeling dès le départ (ou je dirais plutôt avant le départ pour l’inconnu). Envoyez plein de messages à votre famille, posez des questions (il n’y en a aucune de stupide), soyez curieux de tout, rencontrez les enfants par Skype ou parlez avec eux au téléphone, plus la communication est facile dès le départ et plus ça ira vite le jour de votre arrivée quand vous poserez vos valises !!
L’ouverture d’esprit que vous tirerez de cette expérience. Toutes les familles ont leurs habitudes et les leurs seront peut -être très différentes des autres. Si vous partez chez les Italiens par exemple, il faut aimer la pizza, la mozzarella, les pâtes et la cuisine à l’huile d’olive (c’est peut-être un cliché mais c’est la vérité !)
Et enfin, si vous « tombez » sur une famille d’accueil sympa (comme je l’ai dit vous ne « tombez » pas vraiment sur une famille si vous prenez bien le temps de la sélectionner, n’hésitez pas à être un peu difficiles même si ça prend du temps, ce sera votre expérience alors à vous de voir comment vous voulez la vivre mais il vaut mieux que ce soit avec des gens avec qui vous vous entendez !), enfin bref, votre famille vous traitera comme un roi surtout les premiers jours de votre arrivée ! Ils vous attendront avec impatience et vous allez rencontrer toute la famille, les voisins et les copains d’école ! Cela fait aussi partie de cette « immersion » que je vous expliquais dans le premier point de ma liste.

On attaque maintenant les points négatifs, ou je dirais plutôt les inconvénients ou les « incongrus » de l’expérience, mais quelle expérience n’en a pas ? A vous de voir qui des avantages ou des inconvénients l’emporte, mais avant de partir et afin d’éviter quelques désillusions il est important de savoir que :
La communication ne sera pas facile, cela dépend évidemment de votre niveau dans la langue de la famille dans laquelle vous partirez, mais l’objectif étant d’apprendre ou au moins de faire des progrès dans cette langue, il est peu probable que vous partiez déjà bilingue au début de cette aventure. L’objectif est clair, c’est un échange, vous apportez un peu de votre culture et vous en apprenez et découvrez une nouvelle. Les deux points « regrettables » de ma propre expérience sont le fait que ce n’est pas le français qui intéressait ma famille mais l’anglais (je parle couramment anglais suite à une année Erasmus en Angleterre, qui fera d’ailleurs l’objet d’un nouvel article). Ce n’est donc pas réellement un échange puisque c’est une langue que j’ai apprise mais qui n’est pas ma langue maternelle. Le deuxième point est le niveau de départ de la langue du pays dans lequel vous vous rendez. Vous pouvez partir comme moi sans maîtriser un seul mot, mais c’est peut-être un peu « ardu » pour une première expérience.
Le fait que vous pourriez éventuellement (ce ne sera pas forcément le cas mais ça pourrait arriver) vous sentir à l’écart dans votre famille. Ils sont déjà un clan, ils ont leurs habitudes, vous devez donc vous adopter le mieux possible mais sans toutefois renoncer à vos propres habitudes et à ce que vous aimez. Un exemple pour tenter d’être plus clair, je n’aime vraiment pas les yaourts au lait de vache ni le poisson et il m’a fallu deux semaines pour dire à ma famille que s’ils achetaient des yaourts ils pouvaient me les prendre au lait de soja (même si cela coûte un peu plus cher) et que s’ils faisaient des pâtes aux coquillages ou crustacés (si si ça existe !) ils pouvaient me laisser la pasta « blanca » c’est-à-dire nature afin que j’y ajoute de la crème ou du fromage râpé. Et n’hésitez pas à prendre vos propres initiatives ils apprécieront aussi ! Vous proposez de leur faire deux ou trois courses et de leur cuisiner un truc sympa. J’en avais marre des pâtes alors je leur ai fait découvrir le quinoa !
Le partage : il faut qu’il fonctionne dans les deux sens. Vous êtes aussi là pour leur faire apprendre une langue, n’hésitez pas à les faire parler dans votre langue maternelle (ou dans mon cas en anglais !) de temps en temps aussi. Sinon c’est sûr c’est plus facile pour vous de vous mettre à fond à parler dans leur langue que switcher en permanence, mais n’hésitez pas à parler quand même dans votre langue de temps en temps, surtout avec les enfants qui s’habitueront encore plus facilement.
En parlant des enfants, soyez cools mais faites-vous respecter dès le départ ! Sinon cela ne sera pas gagné… Mettez en place des petites règles (dans mon cas on parle italien d’accord mais au moins une heure par jour en anglais), et limitez la télé ! Cela dépend évidemment des habitudes de la famille chez qui vous logerez mais enfin j’ai remarqué que les enfants avaient tendance à allumer la télé à la moindre occasion quand même. Et si toute fois vous n’arriviez toujours pas à vous faire écouter, n’hésitez pas à en parler au papa ou à la maman c’est important !
Votre famille n’est pas là pour s’occuper de vous, passée la folie des premiers jours où ils seront tous excités tout revient assez vite à la normale et vous vous sentirez peut-être mis un peu de côté mais ne stressez pas ce n’est qu’un retour à leurs habitudes (ce qui n’est d’ailleurs pas forcément une mauvaise chose). Etre au-pair ce n’est pas un road trip c’est comme étudier à l’étranger vous prenez vraiment part à la vie de l’université, sauf qu’ici ce n’est pas l’université mais la famille!
Le fait que tout soit nouveau et différent peut conduire à une certaine frustration. Vous pourrez vous sentir un peu isolé aussi, surtout au début lorsque vous viendrez d’arriver. Normalement vous devriez assez vite prendre vos marques, si toutefois ce n’est pas le cas c’est comme pour les enfants il faut que vous en parliez ! Les parents ressentiront de toute façon votre mal être et il serait plus agréable si vous veniez directement leur en parler plutôt que ce soit à eux de faire le premier pas.
La solitude. Elle peut être rude au départ puisque vous arrivez au dans un pays où vous ne connaissez que votre famille. Et être avec les petits et les parents c’est bien sympa mais vous ressentirez assez vite le besoin de vous évader et de voir des gens de votre âge ! Le problème est que si vous ne maîtrisez pas très bien la langue il y a un petit problème. Vous savez ce que l’on dit on n’apprend jamais aussi bien que par la pratique ! N’hésitez pas non plus à contacter des groupes de jeunes qui vivent la même expérience que vous (et avec de la chance au même endroit). Allez aussi faire un tour du côté des universités et des quartiers étudiants (certaines villes ont même des universités réservées aux étudiants étrangers !)
L’indépendance : enfin techniquement, vous n’en avez pas tellement. Surtout si comme moi vous ne conduisez pas et que vous vivez dans une famille au milieu de la campagne ! Vous ne pouvez pas vraiment faire ce que vous voulez et quand vous voulez, ce n’est pas vrai. Cela va de pair avec le fait de s’intégrer au sein d’une famille et à leurs habitudes, plus les enfants sont jeunes et plus ils iront au lit de bonne heure par exemple. Se retrouver à neuf heures ou dix heures du soir avec tout le monde qui va se coucher ce n’est pas quelque chose que j’avais expérimenté auparavant ! D’un autre côté si vous sortez (et vous pouvez sortir) il faudra penser à l’heure à laquelle vous allez rentrer (dans mon cas le dernier bus est à 22h donc ça fait assez short!) et surtout à quelle heure vous commencerez à vous occuper des petits le lendemain !
En parlant des petits et des règles, les règles, les règles, encore des règles. C’est compliqué de trouver le juste milieu car vous ne voulez pas devenir le grand frère (ou grande sœur) ou le/la meilleur(e) ami(e) sans toutefois vous transformer en Super Nanny. Mais il va bien falloir instaurer des règles qui pourront parfois aller à l’encontre de celles des parents, et c’est là où cela devient un peu plus compliqué ! Mais, surtout dans mon cas où je me suis retrouvé avec deux garçons âgés de huit et six ans (dont l’un des deux qui m’ignorait les trois premiers jours quand je lui adressais la parole), c’est important.
Et enfin mon dernier petit conseil : n’attendez pas forcément les autres pour bouger et découvrir une nouvelle culture ! Voyager à deux c’est mieux mais enfin bon avant de trouver les bonnes personnes pour vous accompagner, vous pouvez largement vous suffire à vous-même ! Vous êtes forcément une personne qui a un peu de "cran" si vous en êtes arrivé là ; )
J’espère que cet article pourra aider ceux qui hésitent à se lancer dans l’aventure, et si comme moi vous avez vécu cette expérience et avez envie de la partager, n’hésitez pas à commenter et enrichir mon article, je serai ravi de vous lire dans la partie commentaires !
Artyfrench.
Crédits photos : Marcus Spiske
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